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Les promenades lyonnaises et parisiennes d'Emilie

17 juin 2011

Promenade parisienne (2) Mes promenades suivent

 

Promenade parisienne (2)

 

Mes promenades suivent la rigueur d’un métronome. Voici donc la deuxième mesure. Le temps, aujourd’hui plus chagrin n’incite guère à la flânerie, c’est donc d’un pas plutôt rapide que je rejoins l’Opéra Garnier. Je l’aborde par le boulevard Haussmann : le bâtiment est impressionnant, il n’y a aucun doute. Par son architecture mais aussi par sa symbolique, il est le temple français de l’opéra, comme un autel érigé à la gloire de l’art lyrique. La pierre est grise, presque beige et ornée de nombreuses sculptures. Mais je n’ai encore rien vu… En longeant ses flancs, je découvre peu à peu sculptures et escaliers monumentaux.

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Oui, cet opéra est un temple mais pas un temple austère et sévère, non un temple chatoyant et lumineux, un temple doré duquel on s’attendrait à voir surgir Napoléon III et l’impératrice Eugénie, en robe du soir. Arrivée à la façade principale, j’admire la colonnade, des bustes de compositeurs célèbres prennent place en son sommet. La place ainsi que la perspective qui s’étalent aux pieds de l’Opéra dégagent un espace considérable mais accueillant.

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Je remonte le boulevard des Capucines. On se croirait dans un jeu de Monopoly, ces noms si souvent vus sur un plateau de jeu, c’est maintenant sur des plaques vernissées qu’ils prennent place. Je m’engouffre dans la rue Michodière, en direction du sud. Cette promenade sera culturelle car c’est le restaurant Drouant qui croise ma route, là où sont décernés les prix Goncourt. Décidément, cet après-midi est bien culturel…

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La fontaine Gaillon égrène ses notes chantantes sur la place du même nom et, après une courte pause, je reprends ma course.

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Arrivée sur l’avenue de l’Opéra, je profite de la perspective et de la vue sur l’Opéra. Il paraît tellement plus majestueux vu de loin, moins oppressant. Sa dimension est presque humaine. Je ne peux m’empêcher d’apprécier les lampadaires. Un détail, me direz-vous ? Mais ce ne sont en aucun cas ces objets insipides fabriqués à la chaîne et dessinés à la va-vite par un designer à la petite semaine. Non, ce sont des œuvres d’art, en fonte et s’ils n’ont pas la finesse de leurs cousins actuels, ils possèdent un charme indéniablement plus parisien. Paris, c’est aussi ça, de simples lampadaires. Après tout, la première œuvre de l’architecte Gaudi n’est-elle pas un simple lampadaire ? Rendons leur donc leurs lettres de noblesse !

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Je laisse l’avenue (et ses lampadaires) pour arriver sur une place, la place Malraux. Après y avoir admiré les fontaines et assisté aux ablutions d’un colvert, je me dirige vers la rue Saint Honoré.

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Commence alors le quartier des boutiques chics. Je regrette d’être venue ici un dimanche, la plupart des magasins sont fermés et l’atmosphère de douce frénésie consommatrice me manquerait presque. Heureusement, la boutique Frey Will a laissé à mes vues ses chefs-d’œuvre. J’abandonne les émaux précieux pour une église, une fois n’est pas coutume. L’église Saint Roch.

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La façade Renaissance me ravit. Je suis une adepte du gothique et du roman mais je découvre avec bonheur les colonnes et les pilastres. L’entrée me laisse admirative. Comme dans toute église, j’apprécie l’ambiance fraîche et feutrée. Mon précieux guide m’informe que cette église est celle des artistes, un lieu où de nombreux hommes de lettres et d’art ont été enterrés ou honorés. L’église en elle-même est magnifique et même s’il me manque les croisées d’ogives, les peintures qui l’agrémentent les remplacent très opportunément. 

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Après une dernière halte au fond de l’église où un Christ prend place dans une niche, je regagne l’extérieur et la place des Pyramides que surplombe la statue dorée de Jeanne d’Arc.

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Je m’avance vers les Tuileries. Je suis enfin à Paris. Bien sûr, j’y étais déjà avant. Mais avant de L’avoir vu, ce n’était pas vraiment Paris. C’est Elle qui m’en donne la confirmation, je suis bel et bien à Paris. Je la trouve pourtant bien petite, de si loin. Elle émerge au-dessus des arbres des Tuileries, mais c’est bien Elle : la Tour Eiffel.

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Je me retourne pour contempler également le Louvre de Perrault et la grande pyramide de verre de Pei. La cour Napoléon s’étend à mes pieds, de l’autre côté, le jardin des Tuileries et je me verrais bien en grande robe du 18ème siècle, sous Louis XIV ou Louis XV, parcourir ces allées boisées et ombragées, protégeant mon visage d’une ombrelle. Mais je laisse là ces douces rêveries en avisant le vent qui soulève des nuages de poussière dans la grande allée. Je remonte vers la Concorde, utilisant l’obélisque comme amer. Je déambule et m’attarde auprès des sculptures de marbre blanc, scènes mythologiques et personnages mythiques. Le Tibre accompagne mes derniers pas hors du parc.

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Devant moi, s’étendent les Champs Elysées. Je ne suis plus seulement au centre de la France, je suis au centre du monde. Paris est la plus belle ville du monde et mon sang accélère rien qu’à cette idée et à la pensée que j’y vis. Emporté par mes élans lyriques, je parcours la rue de Rivoli, appréciant l’ombre des arcades et la diversité des boutiques. Même si la plupart sont fermées, les vitrines suffisent à satisfaire ma curiosité. Je bifurque dans la rue Castiglione. Je reste déçue par les devantures vides des joailliers. Tous ont rangé leurs précieuses merveilles, bien à l’abri des regards et des tentations. La place Vendôme, sans elles, perd de son charme. Je me fais la promesse de revenir un samedi pour apprécier ces splendeurs.

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Je reprends mon périple en traversant la rue de la Paix pour emprunter le boulevard des Capucines et rejoindre la place de la Madeleine. Deux particularités saisissent mon regard. La première est l’Olympia. Je m’étais toujours imaginé un bâtiment splendide à l’image de l’Opéra Garnier mais non, ce n’est qu’un bâtiment étroit serré sur le boulevard. Je suis agréablement surprise de sa modestie et de son humilité. Ma deuxième surprise est bien moins prestigieuse : une moutarderie s’est faite une petite place en face de la Madeleine et elle m’amuse.

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Je me retourne alors vers le clou du spectacle de cette place. La Madeleine. Je n’ai jamais vraiment aimé ce bâtiment, gris, monumental, massif, noirci par la pollution. Il ne correspond pas à l’idée que je me fais d’une église. Il constitue une sorte de croisement hybride et monstrueux entre une cathédrale et un temple grec antique. Malgré ma répulsion, je gravis les marches et apprécie la vue qu’elles donnent sur la rue Royale et sur l’Assemblée Nationale, dans l’enfilade.

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Arrivée à  l’intérieur, je suis saisie par la pénombre : aucune fenêtre, quelques puits de lumière propagent une clarté hésitante et de grands lustres fournissent un maigre complément.  Bizarrement, l’ambiance n’est pas glauque, simplement mystérieuse. Il ne manque que la fumée d’encens pour se croire dans quelque temple païen. Les statues elles-mêmes, éclairées par en-dessous me font penser à d’effrayantes divinités. Mon appareil photo reste dans son sac, aucune image ne pourrait reproduire l’atmosphère étrange de ce lieu.

Je laisse là ces mystères et je prends le boulevard de la Madeleine, après avoir longé le marché aux fleurs, aujourd’hui délaissé. Après m’être attardée devant la vitrine d’un gantier, je reprends le boulevard Haussmann, m’autorise un détour par la rue Mogador et termine d’arriver à Notre-Dame-de Lorette.

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Prise d’une impulsion subite, j’entre dans l’église. Sa splendeur ressemble à celle de Saint-Roch. Mais malheureusement, le temps a eu bien plus de prise sur elle. Une rénovation s’imposerait ou est-ce moi qui deviens difficile. Je continuerai mes interrogations la semaine prochaine.

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4 juin 2011

Promenade parisienne (1)

 

Mes promenades lyonnaises sont devenues parisiennes en ce samedi de mai. Le soleil est au rendez-vous et c’est en sa compagnie que je pars à la découverte de la capitale. Je commence aujourd’hui mon périple dans la rue de Châteaudun. De grands immeubles haussmanniens : je me sens comme une lilliputienne dans cette grande avenue. Les sièges de grandes sociétés succèdent aux ministères en une valse impressionnante. La démesure des façades, des trottoirs, tout ici me semble gigantesque. On est ici bien loin de Lyon et de son ambiance sympathique. Je me sens intimidée et écrasée par le poids de cette rue. Malgré tout, la décoration souvent riche des tours de fenêtres et de balcons me rassure et m’émerveille. Finalement, cette ville est peut-être agréable, même si elle n’en reste pas moins affreusement inhumaine.

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Je tourne dans la rue Lafayette, l’impression d’écrasement reste la même mais l’animation n’est pas la même. Si je trouvais avant la rue trop large, je la trouve maintenant trop importante. La foule se presse sur les trottoirs, le long des grands magasins. Une masse mouvante, compacte et pourtant un liquide qui se diffuse et s’étale dans le moindre des recoins de la rue. Ce n’est plus un ensemble de personnes distinctes, c’est une entité particulière qui a une existence propre, un être à la fois monstrueux et fascinant. Une foule dans laquelle je me noie avec bonheur. La ville bruisse de mille bruits et je m’enivre jusqu’à l’écœurement de toute cette vie qui déborde et qui palpite au rythme des feux de signalisation.

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Perdue dans mon ivresse, j’oublie de tourner dans le boulevard Haussmann. Mais cette erreur est l’occasion d’une autre découverte. Je parcours, pour revenir à mon itinéraire initial, les passages Verdeau et Jouffroy. Je me retrouve alors dans un Paris d’antan, un Paris du XIXème siècle. Je m’attends presque à voir surgir sous la verrière deux femmes en robes Belle Epoque, un enfant en tenue de marin faisant rouler un cerceau. De vieilles boutiques pressent leurs devantures étriquées les unes contre les autres. Ici, pas de foule, pas de clinquant, pas de grandes enseignes de chaînes cent fois vues et toujours ignorées. Seulement des bouquinistes, vendeurs d’estampes, de tapis, antiquaires, confiseries,... Une échoppe retient mon attention dans cet amoncellement de merveilles, une dans laquelle on ne vend que du matériel de points comptés. La vitrine à elle seule est une splendeur où se pressent deux tableaux de fleurs, l’un montrant un bouquet de muguet et l’autre mettant en scène différents hortensias. L’ensemble me ravit et je reste comme une enfant, les yeux ébahis devant un gâteau au chocolat.

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Mais je rejoins bientôt le boulevard Haussmann et j’y retrouve la foule. La masse grouillante se dilue au fur et à mesure que je remonte jusqu'au boulevard Poissonnière, passe le boulevard Bonne Nouvelle, admirant au passage la porte Saint Denis puis la porte Saint Martin. Remonter le boulevard Saint Martin me conduit à la place de la République. Je trouve cela dommage que cette place soit occupée par tant de voitures. Je crois que c’est une partie de ce qui me choque ici : le maître de la ville n’est pas le piéton, c’est la voiture. Partout où se pose le regard, elle est présente. Aucune rue piétonne ici (ou tout du moins, aucune que je connaisse).

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Je continue ma promenade sur la rue du Faubourg du Temple. Les trottoirs sont soudain beaucoup plus étroits, les rendant moins praticables : la foule se presse désormais en un étroit ruban qui s’étire jusqu’au canal Saint Martin. Laissant derrière moi les restaurants grecs, turcs et autre kebabs, je plonge dans un autre monde. Quelques arbres, une promenade sablonneuse et au milieu, comme dans un écrin une eau quasiment verte, reflétant le ciel bleu de cette fin de printemps. Je ne suis pas la seule à profiter de la douceur de l’air et du soleil de l’après-midi. Les bancs sont tous garnis et les parisiens s’asseyent au bord de l’eau, flânent le long du canal. Après avoir admiré les écluses, je traverse l’eau paisible sur une des passerelles de fer.

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Cette ambiance me semble délicieusement romantique. D’ailleurs, de nombreux couples sont présents sur les berges. Mais pas seulement, il y aussi des groupes de jeunes qui pique-niquent, des moins jeunes qui se reposent, des enfants qui jouent. Je remarque ainsi l’un d’entre eux qui pêche à la ligne. Je ne peux m’empêcher de me demander si ça mord : le succès ne semble pas au rendez-vous mais il continue néanmoins de lancer avec ferveur sa ligne dans les eaux calmes. Un peu plus loin, un bateau à voile télécommandé fend les eaux de sa coque noire, enchaînant voltes et contre-voltes, tours et détours en une valse muette.

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Les badauds semblent comme moi fascinés par le spectacle. Je me demande encore une fois si je suis dans la même ville qu’avant : toujours aussi vivante, certes, mais cette vie-là s’écoule à la vitesse des eaux du canal, paisibles, tranquilles, sans heurts, sans fracas. Cela me plaît infiniment plus que ce que j’ai vu tout à l’heure. Bien sûr, sur les boulevards, la vie est enivrante et vous saoule plus sûrement que le meilleur des Bordeaux. Mais ici, elle vous offre la saveur simple d’un bon cidre : un goût sucré, légèrement acide mais tout de même pétillant. Laissant là mes réflexions, je rentre en empruntant en sens inverse le même parcours.

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Cependant, je remarque sur le chemin du retour des détails qui m’avaient échappé à l’aller. Les rues perpendiculaires aux boulevards que je parcours ouvrent de belles perspectives. Tout d’abord, au fond d’une rue, un bâtiment de BNP Paribas, surmonté d’un clocher, s’élève vers le ciel. Puis au détour d’une autre rue, je découvre dans l’alignement Notre Dame de Lorette, décorée de ses colonnes corinthiennes et le Sacré Cœur, d’une blancheur immaculée, étincelant sous le soleil.

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Cette vision termine ma première promenade parisienne. Je n’ai d’autre hâte que de recommencer bientôt, demain je l’espère, à déambuler dans les rues.

30 mai 2011

Promenade lyonnaise

 

 

Lyon s’offre aujourd’hui, samedi 25 mars, à mes yeux et à mes pas. Mon voyage commence sur la rive Ouest dans le quartier Saint Jean après quelques minutes de métro.

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La place Saint-Jean où se font face deux cathédrales. Pardon, une basilique et une cathédrale. Fourvière, si blanche et lumineuse dans la lumière du matin étincelle de toutes ses flèches sur le ciel bleu du levant. La Vierge dorée éblouit le regard. Une basilique si haute comme pour nous rappeler notre condition de simples mortels.

Et ici, sur cette place, aux pieds de la colline, agenouillée devant tant de grâce, la cathédrale Saint-Jean. Emmaillotée d’échafaudages, elle est en rémission. La rénovation lui rendra bientôt sa splendeur.

Devant Fourvière la splendide, l’orgueilleuse, Saint Jean est humble et discrète. Mais la beauté timide me charme bien plus que les ors de sa rivale. Une fois entrée, j’oublie la rivalité de ces deux sœurs. Plongée dans l’immensité écrasante de sa nef, c’est à mon tour d’être humble devant la beauté dépouillée des lieux.  Chaque chapelle est un trésor dont la sophistication entoure la nudité de la nef comme un écrin. Qu’importe l’existence de Dieu, si les hommes sont capables de se réunir pour un but autre qu’une guerre. Qu’importe que ce monument s’agenouille devant une divinité inexistante. Son existence même nous rappelle le génie de l’Homme à se transcender, à franchir les limites de sa propre imagination. Je laisse derrière moi cette merveille pour visiter le Trésor de la cathédrale, encore abasourdie et étourdie par la puissance des lieux.

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 Mon second arrêt sera Fourvière : après la modeste, la flamboyante mais entre ces deux extrêmes, bien des péripéties.

Tout d’abord le quartier Saint Jean, le Vieux Lyon. Combien de fois ai-je parcouru ces rues sans en saisir l’essence. Moi qui ne voyais dans la rue Saint Jean qu’une agréable rue commerciale, une sorte de centre commercial en longueur, je suis restée pantoise devant la richesse de ce quartier. Bien évidemment, j’appréciais ses pavés, ses boutiques atypiques. Ici, pas de chaînes, aucun de ces magasins insipides que l’on retrouve dans toutes les villes. Mais des échoppes aux noms oubliés : herboristerie, savonnerie, miellerie, tapissier Je n’étais qu’un voyageur furtif, je suis aujourd’hui une souris parcourant les galeries d’un gruyère. Je comprends maintenant le nom de ce quartier « Vieux Lyon ». Les boutiques fermées à cette heure matinale m’obligent à chercher l’intérêt plus haut sur la façade. Je reste ébahie du nombre de sculptures, niches, frontispices, fenêtres à meneaux Je me sens presque une voyeuse, un intrus dans cette ville silencieuse et tranquille. Je suis transportée dans le temps, à une époque bien antérieure : la rue Juiverie me ramène à la Renaissance, les écussons aux façades, les fenêtres à meneaux et je me plais à imaginer la vie animée d’alors, les échoppes bruyantes.

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Je pénètre timidement dans une traboule, passe une première cour et arrive dans une seconde pour contempler la fameuse galerie sur trompes de Philibert Delorme. Je ne peux m’empêcher d’être mal à l’aise dans ce lieu trop intime qu’il me semble profaner. Le passage d’un chat me fait même bondir, comme un enfant pris en faute, la main dans le pot de confiture. Je m’éclipse rapidement et parcours la rue du Bœuf, m’arrêtant un instant devant le musée Gadagne. Je le connaissais dans la pluie, je le découvre resplendissant dans le soleil.

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Enfin, je me dirige vers Fourvière, gravissant péniblement les 228 marches de la montée. La basilique se mérite, elle se gagne dans la souffrance et l’essoufflement. Je laisse derrière moi les escaliers, la blancheur de l’édifice se devine au travers des frondaisons. Le Jardin du Rosaire : mon ascension suit les roses en laiton qui ponctuaient de prières le chemin des pèlerins. Aujourd’hui, ces fleurs de métal égrainent mes efforts. Fourvière est de nouveau dissimulée. Les arbres non feuillés du printemps la dévoilent subrepticement et je reconnais à cette saison que je n’apprécie guère quelques mérites à cette vision.

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Enfin, j’atteins le sommet, je quitte la quiétude du jardin pour l’animation de l’esplanade. Lyon se dévoile à mes pieds sous le soleil de la matinée déjà bien avancée. Onze heures sonnent. Les sœurs Fourvière et Saint Jean font résonner leurs cloches et se répondent. Je contemple Lyon allongée sous mes yeux, repérant quelques bâtiments, le Crayon domine la ville, rattrapé par la Tour Oxygène. L’opéra fait le dos rond devant l’Hôtel de Ville. La Saône glisse paresseusement entre la Presqu’Ile et Saint Jean. La cathédrale si grande tout à l’heure se perd dans le tissu urbain. Je jette un dernier regard à la forêt de toits et de cheminées avant de me diriger vers la basilique.

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Fourvière. Encore une fois, je suis déçue. Bien sûr, elle est stupéfiante, bien sûr ses ornements ne ressemblent à nuls autres mais ils sont ô combien trop nombreux. Pas un espace n’est épargné par la décoration. Là où Saint Jean se découvrait avec pudeur et humilité, Fourvière se livre, riche et opulente, parée et décorée comme une courtisane. Les symboles sont variés, la décoration lumineuse mais on étouffe, tout se mélange, je m’écœure devant ses saveurs trop épicées, presque discordantes à force de se vouloir exhaustives. Sol, mur, plafond, colonnes, mes yeux ne peuvent se poser nulle part sans être agressés par les moulures, les dorures, les bas-reliefs, les mosaïques. Tout cela me donne presque la nausée et je descends soulagée vers la crypte. Je retrouve ici une certaine sérénité. Plus intime et moins ornée, elle me semble aussi plus accueillante et je me sens plus à l’aise pour admirer les décors, moins nombreux et moins chargés. Les effigies de la Vierge se déclinent selon les pays, rassemblant le monde entier autour d’une seule et même icône. La richesse et le luxe de la basilique m’avaient presque fait oublier sa consécration à Marie : une telle opulence pour une femme si pure me semble une fois de plus décalée mais j’abandonne mes questionnements pour continuer ma visite.

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Je quitte la basilique pour les jardins. Je connaissais le parvis, l’esplanade mais en descendant une petite rue, je découvre le Parc des Hauteurs. Le nom m’interpelle : les hauteurs, celles de Lyon, celles de mes pensées qui dérivent. Le temps suspend son vol et je deviens lyrique. En réalité, je suis simplement passée de l’autre côté de la colline, ce qui se cachait à mes regards se dévoile désormais, m’offrant la vue sur la Croix Rousse et la Saône. Plus vive, la rivière se fraye un chemin entre les quais, se glissant sous les ponts et passerelles. Même les immeubles et les barres de la Duchère me semblent moins violents.

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Je parcours le chemin au bord du vide, découvrant peu à peu la vue à travers les feuillages. La passerelle des quatre vents, tandis que le panorama fascine mes yeux à droite, mon regard attiré vers la gauche découvre prés, vergers et jardins. Une enclave de campagne perdue dans la ville. La couleur verte de l’herbe en pleine renaissance semble irréelle tant elle est vive. Je prends ici la véritable mesure de l’avancée des saisons : le printemps n’est plus à nos portes, il nous a envahi, amenant avec lui ses arbres en fleurs, ses narcisses et ses forsythias rayonnants. Une véritable débauche de vie qui déborde et s’étend dans toute la ville.

La promenade se termine et une faim bien moins spirituelle m’assaillit. Midi vient de sonner et je cherche de quoi sustenter mon corps et plus seulement mon esprit. Je me replonge avec délice dans le labyrinthe de la vieille ville. Je ne suis pas si courageuse pour refaire le chemin à pieds alors que mon estomac crie famine. Le funiculaire me permet de rejoindre rapidement le quartier Saint Jean.

                                                                        *****                              

 A quoi tient le choix d’un restaurant ? A pas grand-chose, je crois, un détail, une impression. On a beau partir avec des critères objectifs, on en arrive toujours à choisir sur un coup de tête. Une terrasse, de jolies nappes, un prix abordable. Voilà sur quoi j’ai choisi mon lieu de déjeuner. Un charmant bouchon lyonnais.

On m’a placé entre le mur et un réverbère chauffant. Le serveur a-t-il compris mes envies de solitude ou a-t-il cette place qu’il pourra difficilement donner à deux personnes ? j’hésite mais qu’importe. Cette place me donne une vue agréable sur la place du Gouvernement et sur les passants de la rue Saint Jean.

Je débute par une salade lyonnaise. Les bouchons m’ont habitué à plus d’opulence mais ce plat me permet la gourmandise sans la culpabilité. Les croûtons croustillent, la salade craque et les lardons me délectent. Je ne suis pas une adepte des œufs pochés et j’abandonne le mien sur le coin de mon assiette. La gastronomie illustre la réalité des gens : la cuisine lyonnaise est riche et généreuse. Le saucisson chaud au vin rouge qui suit la salade ne me contredira pas. Même si une fois de plus, la quantité ne me satisfait pas pleinement. Une boule de glace pour conclure. La froide saveur du cassis termine agréablement le repas. Me voilà repartie. Je remonte à Fourvière pour remonter le temps et me plonger dans la Rome antique.

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Fourvière de nouveau mais cette fois, je délaisse la cathédrale pour le Musée gallo-romain. Le bâtiment en lui-même me laisse stupéfaite. Cinq étages en béton armé brut et pourtant de l’extérieur, rien, de la verdure, des fleurs mais pas de blockhaus. Deux immenses baies vitrées surgissent de la végétation laissant penser au promeneur que peut-être, sous cette colline, des choses se passent. L’intérieur est grandiose : le décor brut s’efface pour laisser toute l’attention aux collections. On découvre la naissance de Lyon, l’emprise du monde romain. Le parcours en spirale nous donne l’impression de remonter le temps. La visite se conclut par une exposition des collections du Musée des Confluences.

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Je sors du musée pour rejoindre les jardins. La fatigue commence à se faire sentir. Je déambule dans la rue qui borde le théâtre et l’odéon. Ces deux monuments m’ont toujours fascinée : ils sont un trait d’union entre la culture d’hier et celle d’aujourd’hui. Je contemple l’odéon, évaluant l’épaisseur du mur d’enceinte : l’odéon avait-il un toit ? La question reste sans réponse : l’épaisseur du mur engage à le croire.

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Je m’attarde quelques minutes dans les gradins du théâtre. Les Lyonnais se promènent, ils flânent dans les allées, s’attardent sur les pelouses. Le ciel, toujours bleu, appelle à la détente. Je m’apprête à regagner les escaliers, oubliant les jeux d’ombre et de lumière que crée sur les gradins le soleil déjà bas.

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Cette étape est la dernière, je vais redescendre vers la Saône, peut-être une dernière pause rue Saint Jean : les tartes à la praline m’appelaient ce matin à grands cris, avant de rejoindre mon chez-moi.

Ma première journée lyonnaise se termine. A quand la Presqu’Ile

30 mai 2011

Introduction

Premier blog, premier message.

Beaucoup de premières fois.

Ce blog présentera quelques promenades, quelques flâneries pour faire partager à ceux qui n'y sont pas mon séjour parisien. Quelques photos, des sensations, peu d'explications (il y a les guides pour ça).

En vous souhaitant une bonne lecture,

 

Emilie

 

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Les promenades lyonnaises et parisiennes d'Emilie
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